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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 08:00

 

 

Vieux Jardin 1

 

Auteur : Hwang Sok-Yong

Editeur : Zulma

Date de parution : 2005

Prix : 23,50 €

  576 pages

 

 

 

En Corée. Après 18 ans d'enfermement, O Hyônu sort enfin de prison. Son seul crime est d'avoir participé au soulèvement de Kwangju, en 1980. Le dictateur Park Jeong-Hui vient de tomber et la jeunesse de Séoul manifeste à grand bruit son désir d'émancipation et son envie de réconciliation avec la Corée du  Nord. Les manifestants furent durement réprimés et bon nombre de réseaux furent démantelés.

Voici donc notre héros, parachuté du jour au lendemain, dans le monde extérieur. Il va devoir réapprendre à vivre par et pour lui-même, affronter les autres, retrouver son passé et surtout la femme aimée, le profeseur Han Yunhi,  dont il n'a pas eu de nouvelles depuis une dizaine d'années.

Le lecteur va suivre pas à pas son retour à la vie normale et plonger dans les souvenirs de notre homme qui, en partant sur les traces de Yunhi, va nous faire revivre tout une période tumultueuse de l'histoire coréenne.


 

Vieux-Jardin-3.jpg

 

Car "Le vieux jardin", contrairement à ce que dont je m'attendais se révèle plus une grande fresque politique qu'une histoire d'amour.

En suivant le fil des souvenirs de O Hyônu, on va découvrir un homme brisé par le pouvoir politique. Détenu dans des conditions extrêmes, il a souffert du froid, de la faim et de la solitude. A sa sortie, c'est un homme qui ne sait plus prendre de décisions de son propre chef et qui a peur de se déplacer seul dans la rue. La seule chose qui l'a fait tenir c'est le souvenir de Yunhi, celle qui vivait à ses côtés de façon peu officielle (ils n'étaient pas mariés).

Nous allons très rapidement apprendre que cette dernière est morte, hélas.

Désormais, O Hyônu n'a plus que le souvenir. Il décide de retourner vivre quelque jours dans la maison qu'ils habitaient ensemble. Il y découvrira le journal intime de Yunhi.

Ainsi, à travers les souvenirs de O Hyônu et le journal de Han, va se dérouler toute une époque : le contexte politique qui précéda le soulèvement de Kwangju, la répression et la traque des militants, les dissidents qui vivent clandestinement et qui continuent de s'engager politiquement, les amis arrêtés et ceux qui disparaissent,... et la souffrance de voir ses proches en prison, l'attente infinie, le désarroi de devoir continuer à vivre seule envers et contre tout, le courage à trouver pour ceux qui restent,...

Un très bel échange s'instaure entre les amants, qui s'aiment encore et toujours, au delà de la mort et du temps. Leurs voix alternent et donnent une grande force à ce récit qui n'en manque pas.


  " En reprenant contact avec Yunhi, j"étais devenu l'Autre. J'existais ici de façon concrète à travers cet Autre. Celui qui avait été enfermé dans une cellule d'isolement n'était pas O Hyônu, mais le mille quatre cent quarante quatre dont la conscience de soi n'avait plus pour but que de lui garder une dignité humaine en sauvegardant coûte que coûte les pensées et les comportements du passé pour lui permettre de survivre au pire. Grâce à l'Autre, j'étais à présent en train de retrouver le chemin de ce bas monde. "

 

"Le vieux jardin" est donc un très grand livre qui oscille entre roman historique, réflexion politique sur l'engagement, dénonciation des oppressions, texte sur la mémoire et histoire d'amour condamnée d'avance. Un roman extrêmement réaliste, surtout lorsque l'on sait que l'auteur a lui même été emprisonné plusieurs années.

Un roman mélancolique et quelque peu amer sur une génération engagée qui rêvait d'une vie meilleure mais qui a perdu toutes ses illusions.

Mais un roman très émouvant aux personnages poignants dont les sentiments transcendent toute la souffrance du monde, par leur beauté, leur force et leur durée.

 

Je vous invite chaudement à le découvrir !


  "Nous changeons comme une montagne de terre peu à peu usée par le vent et la trace que nous laissons dans le monde est bien différente de celle que nous avions imaginée au départ. Que peut-on faire ? Il reste encore tant de jours dont nous ne savons rien. "

 

 

A noter : Le vieux jardin a été adapté au cinéma par Im Sang-Soo, en 2007.

 

 

Vieux-Jardin-2.jpg

 

 


L'adaptation cinématographique se révèle un bon film mais je dois reconnaitre que j'ai été un poil déçue.

Il n'est bien sur pas évident de retranscrire en 2h de film un pavé de presque 600 pages.

 

Ce qui m'a le plus gêné en fait est de l'ordre de la construction du film.

La première partie qui suit le héros à sa sortie de prison se concentre plus particulièrement sur la partie contemporaine du récit : son retour parmi les siens, ses retrouvailles avec des anciens camarades et son retour aux sources à la maison de Yunhi où il va découvrir ses carnets, ses peintures et un secret que cette dernière lui avait caché (et que je ne vous révèlerais pas !). La partie plus politique n'est que légèrement abordée et les difficultés de réinsertion de O Hyonu, complètement oubliées. Au final, cela donne une moitié de film plus concentrée sur l'aspect romantique de l'histoire.

La seconde partie du film, elle, tourne beaucoup plus autour de Yunhi, de leur passé ensemble, des implications politiques de chacun et de la vie de la jeune femme suivant le départ de son homme.

Cette séparation qui me semble assez nette dans le film n'existe pas dans le roman qui entremêle habilement les époques et les narrateurs pour dresser un portrait de leur histoire. On pourra même regretter une utilisation plus importante de voix off pour Yunhi qui parle à O Hyônu, à travers ses carnets. Le procédé est quasiment absent et du coup, réduit l'échange post-mortem que les 2 amants entretiennent.

 

Je m'attendais à un film très fort, qui réussisse à me faire pleurer d'émotions mais ce n'a pas été le cas.

 

Malgré cette organisation du sujet qui me semble faire perdre de la force au récit, le film reste malgré tout un témoignage intéressant. L'implication politique des militants, leurs combats, leurs espoirs nous donnent à voir des scènes fortes et parfois difficiles (je pense à une immolation par le feu, par exemple).

Le scénario reprend parfaitement les éléments essentiels du roman et ce qui a été élagué n'est pas de l'ordre de l'essentiel.

Les personnages, tout en émotions contenues, n'en font jamais trop et le film ne tombe jamais dans le mélo dégoulinant.

 

Bref, le film "Le vieux jardin" se révèle pour moi une bonne introduction sur le sujet et permettra surement de donner envie d'aller se plonger dans le roman autrement plus dense et plus fort. L'inverse décevra peut-être un peu.

 


 

Vieux-Jardin-4.jpg

 

 


 

challenge litt et cinema

Challenge Pages blanches pour lunettes noires


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16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 08:00

 

mise en bouche 1

 

 

Auteur : Kyung-Ran Jo

Editeur : Philippe Rey
Date de parution : Avril 2010
Prix : 18 Euros

236 pages

 

 

 

 

Jung Jiwon est une belle jeune femme coréenne à qui tout réussit. Après avoir été assistante du chef de cuisine d'un restaurant italien coté, elle a ouvert une école de cuisine qui l'a rendu célèbre. Son compagnon, Seokju, est un architecte réputé et ils envisagent de nombreux projets ensemble.

Le seul hic, c'est que Seokju vient de lui préférer une ex-mannequin qui plus est, suivait les cours de cuisine de sa rivale !

Bref, Jung a du mal à digérer l'affront et se refuse à accepter que Seokju ne l'aime plus.

Perdant appétit et goût de vivre, elle décide de fermer son école et de retourner travailler dans le restaurant où elle a tout appris.

Ce retour aux sources l'a fait replonger dansl'essence de la cuisine pour laquelle elle essaie de retrouver du plaisir. Elle réapprend les gestes de bases, cherche de nouvelles recettes,...

Mais loin d'oublier son grand amour, elle focalise de plus en plus sur cet abandon. Le chef Nove qui l'obligera un soir à cuisiner pour le couple en question, venus en clients, ne réussira pas à lui faire lâcher prise. Jung Jiwon réussira-t'elle alors à surmonter l'échec de son couple ? Je vous en laisse la surprise !

 

Nous voici ici en plein roman culinaire qui plonge le lecteur dans les coulisses de la cuisine et de sa préparation. L'héroine vit comme elle cuisine et ses plats sont empreints de la tristesse, la passion , la sensualité qu'elle souhaite exprimer.


  " Ce qui compte le plus dans une cuisine n’est pas de savoir à quel point les plats qu’on y prépare sont réussis, mais de s’y sentir bien. "

 

Le récit nous est raconté par la jeune femme qui, sous forme de confidence, nous offre ses états d'âme, le bonheur que la cuisine lui apporte, ses interrogations  ... Elle reviendra sur son passé et son histoire d'amour avec Seokju, permettant ainsi au lecteur de découvrir petit à petit les éléments de l'histoire. 


On pourra noter le parallèle entre la jeune femme et le chien de Seokju. Laissé à Jung Jiwon, le chien attend fidèlement son maitre alors que celui-ci lui préfère une femme qui déteste les chiens. Partageant sa douleur avec lui, Jung en fera un de ses rares interlocuteurs.

Tout comme, le parallèle est fait entre aimer et manger.

 

" L'amour de la bonne chère peut se comparer à l'amour entre un homme et une femme. Un cuisinier et un gourment sont des partenaires idéaux : le cuisinier a pour vocation de rendre les gens heureux avec sa cuisine, le gourmet n'arrête jamais de penser à la bonne chère. Je pense aussi que les gens qui font l'amour passionnément sont certainement des gourmets. "

 

" C'est avec la bouche que l'on exprime l'admiration. Les gourmets savent mieux que personne que les lèvres sont les premiers organes érotiques."

 

Cuisiner est donc une seconde nature pour elle et n'hésitera pas à nous confier quelques recettes bien inspirées (cuisinières, à vos crayons !).

Cherchant le réconfort, c'est pourtant la vengeance qui sera au rendez-vous... Une vengeance qui se dégustera froide et de façon totalement inattendue !

 

Si j'ai lu avec plaisir ce roman, je ne suis pourtant pas spécialement emballée... On compare souvent cet auteur avec Ogawa. Permettez-moi de vous dire que nous en sommes loin... !! et par l'écriture et par l'univers.

L'esprit culinaire qui règne dans le roman est plutôt intéressant. Les envolées au sujet de cet art sont fait avec élégance et subtilité et alternent agréablement avec l'histoire proprement dite.

Mais malgré une fin un peu abrupte et noire, le récit donne une impression de légereté que la simplicité de l'écriture accentue un peu plus. Toucher du bout des doigts, le côté obscur de la force jeune femme aurait été bien plus intéressant, à mon avis. Au final, je suis resté sur sa faim (si je puis dire !).


Bref, une lecture plaisante à découvrir, au moins pour l'aspect culinaire et notre rapport à la nourriture.

 

 

 

 

 

Merci à BOB et aux éditions Philippe Rey !

 

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Humeur

Le 26 Août 2013 :
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