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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 07:00

 

 

Chers lecteurs,

 

 

 

Il y a quelques mois, j'ai commencé à vous parler de ma vie trépidante de libraire.

Pleine d'enthousiasme, je prévoyais une flopée de billets réguliers...

 

Aujourd'hui, il est temps de reconnaitre que je n'ai pas franchement tenu mes promesses lol

Mon dernier billet datant du mois de Mars 2010...ahem...

 

Le chômage me redonne sensiblement l'envie de me plonger dans ce métier par procuration !  

Alors essayons donc de reprendre quelque peu le fil...

 

 

Idée reçue n°1 : Le libraire passe ses journées à lire

Idée reçue n°2 : Le libraire ne comprend rien aux chiffres

 

 

 

 

Le sujet du jour est :  Le libraire n'est pas sportif

 

 

 

Je l'avais déjà évoqué précédemment : le libraire ne reste pas assis derrière son bureau à lire des bouquins toute la sainte journée. Parfois même, il doit supporter la station debout des journées complètes.

Vous allez me dire, ça ne suffit pas pour en faire un sportif. Certes, mais les choses ne s'arrêtent pas là...

 

Les livres, c'est beau, c'est chouette, ça sent bon le sable chaud papier mais punaise qu'est-ce que ça pèse... Toute personne ayant déjà déménagé des livres sait parfaitement de quoi je parle !

Et le libraire, qu'est-ce qu'il "manutentionne"....c'est comme s'il déménageait tous les jours...

Les beaux rayons croulant de livres qui n'attendent que votre main heureuse doivent bien être remplis à un moment ou à un autre, et ça, ça ne se fait pas tout seul.

Apprenez donc que quasi quotidiennement le libraire reçoit la manne providentielle (enfin ça dépend des éditeurs ^^) des fournisseurs et qu'il doit s'empresser de les intégrer au stock. 

En général, c'est le matin que ça se passe. Arrivant tout guilleret, fraichement peigné et les miettes de croissant au bord des lèvres, le libraire doit affronter les nouveaux arrivages.

 

Le libraire haltérophile :


libraire-03.jpgS'il travaille dans une grosse entreprise, il aura la chance de voir arriver les livres dans des caisses, empilées parfois sur des roulettes, déjà traitées par les équipes des stocks (rentrés en stock, étiquetés, etc...). Sinon, c'est lui qui aura la joie de procéder au déballage des cartons, de vérifier les quantités, de traiter les litiges, de mettre les prix, etc... (mais tout ceci est un autre problème...).

Vous me direz : les livres tout prêts dans les caisses, c'est bien, il n'y a rien à faire, pas besoin d'être champion d'haltérophilie. Sauf que si.


- Souvent les livreurs, les stockistes se font un plaisir d'empiler les caisses au-delà de votre zone d'atteinte. Vous pouvez donc vous retrouvez avec une pile de 6 caisses vous arrivant au niveau du nez. Pour des raisons de place et d'optimisation de l'espace (parce que étonnamment, le stock est souvent en rupture de caisses), vos caisses peuvent aussi être remplis à ras-bord de bouquins.

Forcément selon votre rayon, le poids peut différer : une caisse de Tchoupi n'égale pas une caisse de BD cartonnés. Mais, dans le pire des cas, vous pouvez vous retrouver avec environ 150- 200 kgs de livres à bouger. Chouette.

Bien sûr, dans ces moment-là, tous vos collègues sont occupés avec des clients. Personne ne peut vous aider à descendre ces bacs. Vous vous retrouvez à retrousser vos manches et à essayer de bouger ces put@in de caisses.

- C'est souvent aussi le moment qu'un client choisit pour vous demander LE livre qui est arrivé le jour même.

Dans un souci d'abnégation et de conscience professionnelle, vous vous engagez à chercher le dit bouquin dans les caisses du jour. Ah tiens dommage, aujourd'hui j'ai eu 15 bacs... Bien évidemment,le plus souvent le bouquin recherché se trouve dans la dernière caisse dans laquelle vous farfouillez...

Le client repart satisfait et le libraire blasé a fait sa séance quotidienne d'altérophilie.

- Les supports à roulettes où sont entassés les bacs sont aussi parfois réticents, ils n'ont pas toujours envie de vous aider, les roulettes peuvent se coincer, tourner dans le mauvais sens et le libraire batailler pour emmener la pile dans un lieu adéquat. Vous savez, comme le caddie à Auchan qui vous rend la vie impossible...

- Et puis parfois, il n'y a pas de roulettes dans votre entreprise. Des hommes costauds viennent vous apporter dans votre rayon les bacs de livres et évitent de vous faire des montagnes inatteignables de bacs. Ce n'est pas pour autant que vous êtes au bout de votre peine. Parce que vos bacs sont empilés dans un coin du rayon pour ne pas trop gêner les clients mais que vous allez devoir malgré tout les porter pour les amener devant les panneaux concernés pour faciliter le rangement et éviter de faire 50 aller-retour.

- Autre cas de figure : les erreurs de répartition. Le livreur n'est pas libraire et n'identifie pas toujours correctement la destination des caisses... Le libraire se retrouve donc souvent avec des caisses destinées à d'autres rayons. S'il travaille dans une petite librairie, le problème ne se pose pas. Sinon notre libraire, et bien il va devoir redispatcher les mauvais bacs dans les rayons concernés. Ses collègues sont toujours occupés, les livreurs sont repartis, les roulettes n'existent pas ou il n'y en a plus de disponibles et les 5 bacs qui ne sont pas à vous doivent être amenés à 50 mètres de votre rayon ou 3 étages au-dessus (sans ascenseur bien évidemment)... soupir...

 

Vous croyez en avoir fini : pas du tout ! Parce que le libraire, mine de rien, il porte des livres toute la journée.

- Les bacs précédemment cités, il faut bien les vider. On ne prend pas un livre à la fois mais une pile dans les bras qu'on se trimballe d'une étagère à l'autre.

- Les tables de présentation doivent être régulièrement changées, on vire des piles pour en mettre d'autres. Les piles de romans, ça va encore mais quand vous avez une pile de 30 bds dans les bras c'est un peu différent.

- Je pourrais évoquer aussi les réserves. Les rayons n'étant pas extensibles, le libraire a souvent une petite réserve dans un coin éloigné des rayons. Il s'y rend pour récupérer 2-3 titres précis mais en faisant le tour rapide, empile d'autres titres dont il a besoin et qu'il n'avait pas identifié avant de s'y rendre. Résultat, il repart avec une pile jusqu'au menton à la place des 3 titres initiaux.

- Il y a les collectivités qui vous donnent des listes de 30 bouquins à sortir des rayons, à isoler et à porter dans le service concerné.

- etc...


Ce sont des petits riens qui ne semblent pas porter à conséquence mais si vous cumulez le tout par un nombre incalculable de fois, vous finissez par vous rendre compte que ce métier est très physique...

Vous l'ignorez peut-être mais le mal du libraire est le mal de dos... On en a tous souffert à un moment ou à un autre. Vous aurez beau porter selon les consignes en pliant les jambes, demander à vos collègues de vous aider à porter, etc... vous êtes malgré tout obligé d'y passer un jour ou l'autre.

 

libraire-02.jpg

 

 

Le libraire gymnaste :


Le libraire est un sportif complet. En dehors de la force, on lui demande aussi souplesse et musculature.

Le rangement et la manutention entraine le libraire à des gestes de haute précision et lui demande de développer toute sa variété musculaire.

 

- Le travail des jambes et des pieds

Le travail du libraire s'effectue dans des zones de bibliothèques, allant de 10 cm au ras du sol, à environ 2 mètres. Ainsi, il va devoir s'habituer à des exercices de flexion / extension constants. Les ouvrages qu'il doit ranger / conseiller / retourner sont donc diversement situés et l'oblige à effectuer de nombreux changements de position qui sollicite de manière continue les muscles du mollet et de la cuisse.

De plus, le libraire n'est pas toujours à la hauteur des étagères les plus hautes et il n'y a pas toujours de marchepied pour les atteindre : il se doit donc d'être parfaitement capable de se tenir sur le bout des orteils et de maintenir la position quelques minutes.

- Le travail des bras

Outre le port de charges que j'ai évoqué au-dessus, les bras du libraire sont sollicités d'une autre manière.

Le libraire effectue régulièrement des changements de classement ou des déménagements de rayon qui nécessite des glissés de livres sur une même planche ou d'une étagère à une autre. Ces actions ponctuelles mais répétées sur un court laps de temps font travailler des muscles inconnus situés dans les omoplates que vous découvrirez avec plaisir le lendemain matin... Les bras et les mains doivent être suffisamment fins et souples pour se glisser entre les étagères et permettre de récupérer la s@loperie de bouquin qui est tombé entre les deux.

 

- Le travail des mains et des doigts

Le libraire travaille aussi aujourd'hui très souvent sur un ordinateur : pour faire ses recherches (non, il ne connait pas coeur son stock de 10 000 références), pour passer ses commandes, etc...

Souplesse de poignet et dextérité du doigté sont un avantage non négligeable dans l'exercice de son métier. Plus il tape vite, plus son travail avancera rapidement et plus le client sera servi rapidement. Si vous en êtes encore à taper à un doigt, oubliez le métier ^^, on a aura pas le temps de vous attendre.

Son doigté sera également apprécié dans cet exercice de haute-voltige : étiqueter 300 bds en moins de 5 minutes. Ben voui, certaines grosses sorties arrivent directement sur palette et non en cartons, vu la quantité commandée (exemple : 600 exemplaires). On pourra éventuellement vous la "dépiauter" à votre place et vous la descendre en rayon mais l'étiquetage vous revient (faut pas déconner non plus).

 

Le libraire marathonien :

 

Le libraire ne se contente pas de ces exercices de musculation et de souplesse. Il doit également entretenir sa forme et son endurance.

Quand la conjoncture économique est favorable et que le client est au rendez-vous (de plus en plus rare en ce moment...) ou que la saison est en pleine période d'affluence (fêtes de fin d'année), le libraire court, court (comme la maladiiiiie d'amouuuuur ^^).

Son métier exigeant lui demande d'être multitâche et de faire 36 choses en même temps.


- Les arrivages de livres dont je viens de vous parler sont une priorité. Les bacs doivent être vidés le plus rapidement possible pour éviter d'encombrer trop longtemps les rayons. Le truc, c'est que les bacs, vous en recevez toute la journée... et qu'en même temps, vous devez renseigner les clients, répondre au téléphone, recharger les présentations des meilleures ventes à l'entrée du magasin, etc...

Bref, le libraire peut (et doit, si nécessaire) courir (au sens premier du terme).

Exemple de situation : Le libraire X vide ses bacs de livres en urgence pour installer le nouveau Naruto, sorti ce matin, qu'on lui demande depuis 1 mois (au moins ^^). Le réassort et la nouveauté sont bien évidemment mélangés dans les caisses (sinon ça serait trop facile). Il étale les bacs dans tout le rayon pour les trouver dans les dernières caisses avant d'entendre le téléphone qui sonne. Tenu de décrocher dans les 3 sonneries, il se précipite au bureau, une pile dans les bras, décroche mais se fait interpeller par un client qui demande un renseignement. Le libraire met en attente l'interlocuteur téléphonique, s'occupe du client qui a pris au moins la peine de se déplacer (ah mais raté, c'était une question pour le rayon d'à-côté), reprend le téléphone, voit un collègue lui faire signe qu'un représentant l'attend pour travailler les nouveautés à venir. Il pose le téléphone (les sans-fils n'ont pas encore colonisés toutes les librairies, même les plus modernes...), installe à la va-vite ses Naruto avant d'aller chercher le livre demandé par le client qui n'est bien sûr plus en rayon mais doit être dans les réserves, situées 2 étages au dessus. Le libraire court à l'étage trouver le bouquin en question, le client toujours en attente au téléphone. Il croise son responsable qui lui signifie vertement qu'il y a des trous dans les présentations de meilleures ventes à l'avant et qu'il va falloir renflouer tout ça presto. Au bout de 5 minutes, le libraire trouve enfin le livre demandé et s'empresse de reprendre son client téléphonique qui s'impatientait. Il se dépêche de rempiler les caisses de livres explosées dans le rayon, histoire que ça ne soit pas le chambard, prend une pile de quelques titres importants et courre à l'avant recharger les têtes de gondoles avant de rejoindre le représentant, qui vous signifie gentiment qu'il va falloir faire vite car son prochain rendez-vous est dans 15 minutes chez le libraire concurrent....


- Quand la période de fin d'année arrive, inutile de vous préciser que c'est pire.

Exemple de situation : C'est le 15 décembre, votre collègue est en repos (vu qu'il va se taper le prochain dimanche au boulot...). Vous avez reçu 15 roulettes de livres le matin. Vous devez isoler le plus rapidement possible les nouveautés qu'il faut présenter en rayon, du réassort qu'il va falloir ranger de manière méthodique (par auteur et éditeur) dans les réserves à l'étage. Vous avez devant vous 8 personnes qui ne savent pas ce qu'elles veulent et demandent des conseils pour des cadeaux. Le téléphone sonne mais vous n'avez plus le temps de décrocher. Assailli depuis le matin, vous n'avez pas eu le temps de recharger les rayons des références indispensables et chaque demande de clients nécessite d'aller en réserve. Résultat, toutes les 10 minutes, vous devez grimpez 3 escaliers pour chopper le plus rapidement possible les livres que vous venez de conseiller avec enthousiasme avant de vous apercevoir que vous n'en avez plus en rayon. Pas le temps d'attendre l'ascenseur poussif, monopolisé par les autres vendeurs ou livreurs. Vous en profitez pour chopper d'autre livres et descendez avec une trentaine d'exemplaires dans les bras. Manque de bol, le client suivant vous demande lui aussi un titre que vous n'avez pas descendu, il est même dans une des 20 caisses que vous n'avez pas eu le temps de vider et de ranger en réserve. La recherche va prendre du temps... Les clients s'impatientent en rayon et râlent du temps d'attente. Le téléphone continue de sonner... Et vous savez que la journée ne fait que commencer...

 

 

 

 

 

libraire 01


 

Vous l'aurez donc compris, le libraire a intérêt à s'accrocher pour résister à ce genre d'activité intense que son métier exige. Vitamines et entrainement hebdomadaire souhaités. Stéroïdes  déconseillés.

 

Bien sûr, j'ai parfois forcé un peu le trait et vous ai montré le pire du pire. Mes propos sont à nuancer selon le rayon et la librairie dans lesquels chacun travaille.

Néanmoins, tout ce que je vous ai raconté s'appuie sur des expériences véridiques : les miennes !

Mon but n'est pas de vous montrer que libraire est un métier de merde mais plutôt de vous démontrer à coup de grosses démonstrations que les clichés ont parfois la vie dure...

Alors si après tout ça, vous pensez toujours que le libraire n'est pas sportif.... 

 

Rendez-vous une prochaine fois dans un mois comme dans six pour la suite de Vis ma vie de libraire ^^

 

 


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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 08:00


Chers lecteurs,




Je continue ma série de démolition des idées reçues sur les libraires commencée il y a un petit moment (bon oui je sais j'ai trainé un peu et je remercie Marie L de me rappeler à l'ordre...).

Le cliché du jour est le suivant :

 2 - le libraire est un littéraire qui ne comprend rien aux chiffres

maths.jpg
C'est bien connu, le libraire est un intellectuel. Il a fait des études de lettres, a buché de nombreuses années sur tous les auteurs connus et paré de sa science universelle sur le monde merveilleux de la littérature, il est paré pour prendre la gestion d'un rayon de librairie.
Faisant fi de ses notes catastrophiques en maths et fier de sa réussite professionnelle, il baigne dans un monde parfait où les chiffres sont bannis.

Et bien, si vous croyez le tableau idyllique que je viens de faire, vous vous fourrez le doigt dans l'oeil !
Car le libraire, du chiffre, il va s'en bouffer...

Ben oui, la librairie est un commerce aussi et non une oeuvre caritative... et qui dit commerce, dit chiffres.



Parce que votre rayon, pour ceux qui ont la chance d'en avoir la responsabilité, il va bien falloir le gérer.
Ce n'est pas le tout de conseiller des livres mais faut aussi surveiller son stock et faire ses achats au mieux.

Le libraire doit estimer ses achats à l'aûne de facteurs x ou y, tel que la notoriété de l'auteur, le sujet, l'éditeur, le prix, les ventes des éditions précédentes, les passages promo, ... et j'en passe. C'est loin d'être une science exacte...
Vous voilà donc parti dans de savants calculs :
- Pour le premier tome, j'en avait pris 50, j'en ai vendu 30 en 2 mois, j'en ai retourné 15 mais 3 mois après j'ai du en recommander 10 en sachant qu'il y avait des passages télé. Combien j'en prends pour le 2ème ?
- L'année dernière, c'était une destination à la mode, y'a eu beaucoup de prix promotionnels mais depuis les attentats il y a 6 mois, la demande à baissé. Combien j'en prends ?
Vous voyez un peu comme c'est facile ?
Le but étant de se stocker suffisament pour ne pas être en rupture tout en évitant le surstock qui engendrera des retours.

Faire les retours est donc aussi une tâche indispensable. Il faut les faire assez tôt pour éviter d'alourdir votre stock inutilement et de servir de trésorerie aux éditeurs (je rappelle que les retours sont en général recrédités aux libraires 2 mois plus tard environ...il faut savoir anticiper donc) tout en parant à tout éventualité d'emballement des ventes et en gardant des ouvrages de fond.
Il faut savoir également que les frais de retour sont à la charge de la librairie... donc moins on en fait, moins on dépense d'argent...

Bref, on ne vend pas des petits pois mais faut pas déconner non plus !
Parce que les patrons, eux, ils n'oublient pas l'essentiel :le chiffre d'affaire...


maths-2.jpgTous les mois, vous allez devoir vous bouffer les chiffres récapitulatifs de votre rayon et de la librairie. Et
que ça compare avec N - 1 (le même jour mais l'année précédente), avec le mois précédent, avec le rayon d à coté. Parfois ça donne lieu à des réunions collectives où tout le monde y va de sa petite conclusion. Si les résultats sont mauvais, attendez-vous à devoir justifier la baisse et à trouvez LA solution qui va faire exploser les ventes. Chacun y sera de son petit commentaire pour expliquer la conjecture économique difficile.
Par la suite, on peut vous donner des listings de titres pour vous aider dans vos retours : les titres en stocks depuis plus de 1 an sans vente depuis 6 mois, les titres dépréciés à 100% qu'il faut absolumment liquider, ...

Vous allez également devoir négocier avec vos fournisseurs pour obtenir des sur-remises sur des opérations commerciales, histoire de grapiller quelques misérables points de marge ; Demander des compensations sur des titres non-retournables

Selon les entreprises, la pression des chiffres est plus ou moins importantes bien sûr.
Je ne vous parle même pas des libraires indépendants qui doivent gérer eux-même leur comptabilité...
Au lieu d'étudier le mouvement littéraire victorien ( vous remarquerez l'exemple pris totalement au hasard ), ces derniers doivent passer leur temps plongé dans les chiffres de la librairie...

Donc n'oubliez jamais que le libraire est tout autant un gestionnaire qu'un donneur de conseil.
Beaucoup de mes collègues délaissent cet aspect rébarbatif du métier. Pour ma part, ça me passionne tout autant et me semble interdépendant du reste.

Je tiens aussi à souligner que tous les libraires ne sortent pas de Lettres et qu'ils viennent de tous les cursus scolaires... J'en ai connu qui sortait de Droit, BTS tourisme, Psycho, LEA, ...Etc
Les rayons étant aussi variés que les études, tout le monde est bienvenu !
Pas de sectarisme donc !



Si vous avez des questions, n'hésitez pas !



Pour ceux qui auraient raté le premier épisode :
Previously  in the Grenier :

1 - Le libraire passe ses journées à lire



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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 20:52


Cher Lecteur !


Non, je n'ai pas décidé de lancer un nouveau jeu de télé-réalité, ni d'échanger mon job contre un vulgaire emploi de postière (j'ai rien contre les postiers hein c'est juste pour l'image  )

Suite à Mobylivres qui depuis peu partage le sel de son métier et suite à la suggestion subliminale de Cynthia de faire de même, j'ai décidé de lancer une nouvelle rubrique.
Pour toi Public^^, je vais décrypter ce métier qui me passionne et te fait rêver... et je vais briser l'image enchanteresse que tu t'en fait....
Je vais pénétrer dans des réserves obscures et poussièreuses, je vais subir les agressions clientélistes, je vais suer sang et eau pour porter l'offre livresque qui te ravit tant, je.... STOP !!!


Bon et si on brisait certains clichés, pour commencer ?!



1 - Le libraire passe ses journées à lire


Qui dit libraire dit environnement de travail bourré de livres. Et qui dit livres, dit lecture. Ben oui ! Mais en fait, NON !

livreSache, cher lecteur, que le libraire n'a pas le temps...
En effet, il doit tout d'abord ranger les livres, trouver de la place, faire des retours, répondre au téléphone, appeler les fournisseurs, rencontrer les représentants, assister aux réunions d'équipe, passer ses commandes de réassort, reclasser ses rayons, renseigner les clients, organiser des opérations commerciales, écrire des billets pour son blog, faire des recherches bibliographiques, ... et j'en passe !



Alors NON, le libraire n'a pas vraiment le temps de lire....
Alors il fait comme tout le monde, il lit après le boulot.

Et quand le moment de libre tant attendu arrive.... sache, cher lecteur, que la majorité des patrons interdit à ses libraires de lire sur la surface de vente.
Et voui ! parce que ça ne fait pas très commercial, ni très dynamique. Que le libraire, on ne le paye pas à rien faire, mais à taffer... Lire, ce n'est pas du travail, c'est bien connu !

Alors, le libraire lecteur, planqué derrière son bureau, doit déployer des techniques furtives, quand les boss arrivent : sortir le marque-page, judicieusement prévu à cet effet ET :

- Faire style de feuilleter l'ouvrage, regarder la quatrième de couverture, histoire de montrer qu'on ne fait que le manipuler pour se faire une idée du livre.
- Se lancer dans une recherche informatique sur le titre, l'auteur, l'éditeur, la collection, .... (rayez la mention inutile), genre je suis en pleine recherche bibliographique.
- Se lever et faire style d'aller reposer le livre, lâchement abandonné par un client.
- Se lancer dans une grande discussion professionnelle avec votre collègue qui, lui aussi, essaie planquer le super roman qu'il aimerait bien finir avant la fermeture...

Pourtant, les clients sont toujours ravis de nous coincer en pleine lecture et engagent d'autant mieux la conversation : "C'est bien ce que vous lisez ?" et là pour vous pouvez partir dans un éloge dythyrambique et votre client repart ravi, un livre sous le bras !
Z'ont rien compris les patrons...

Aujourd'hui, plus besoin de faire la ninja dans la librairie où je travaille mais je garde tout de même quelques réflexes de culpabilité quand je me met à lire pendant mes heures de travail...


A suivre... :

2 - le libraire est un littéraire qui ne comprend rien aux chiffres
3 - Le libraire n'est pas sportif
4 - Le libraire est un intello coincé
5 - le libraire n'aime pas être dérangé
6 - Le libraire gagne bien sa vie
7 - Le libraire n'aime pas Marc Lévy et Guillaume Musso

Si vous avez d'autres idées reçues sur mon métier, n'hésitez pas à me les soumettre, je me ferais un plaisir d'y répondre !

Edit du 24 janvier :


Suite aux suggestions très pertinentes de Marie L., je rajouterais :

- Le libraire connait tous les livres qui sont dans la librairie
- Le libraire des grandes surfaces culturelles est un vulgaire vendeur




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Humeur

Le 26 Août 2013 :
Le grenier de choco n'est plus...
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